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Dès le début, le C.A.V. Liège a été particulièrement sensible à cette initiative pour plusieurs raisons. Tout d'abord, parce qu'elle venait pallier la disparition progressive des "cours artistiques" dans l'enseignement secondaire notamment, musique, dessin, expression théâtrale. Ensuite, parce qu'elle permet – et ceci nous paraît plus fondamental encore – de concrétiser et de renforcer l'ouverture de l'École vers l'extérieur, de favoriser sa rencontre avec un univers qui vit à un autre rythme, qui pratique d'autres valeurs et qui privilégie l'expression et la créativité. Ce sont là deux dimensions éducatives que nous avons toujours jugées essentielles à l'épanouissement de l'individu et à son action comme citoyen.
La raison sociale de notre a.s.b.l. nous a inévitablement conduits à construire avec nos partenaires des projets centrés sur les arts audiovisuels et numériques. Les deux se rejoignent d'ailleurs dans la transition que nous vivons au quotidien dans un centre de ressources comme le nôtre. Et, plus concrètement encore, le couple cinéma-vidéo traduit un heureux va-et-vient entre d'une part un art qui vaut toujours d'être découvert et analysé dans ses formes premières et, d'autre part, un moyen d'expression/communication qui mérite toujours d'être exploré et pratiqué quel que soit le support sur lequel il est décliné.
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C'est aussi pour nous une belle illustration de cette réversibilité émetteur/récepteur à laquelle nous attachons grand prix car elle possède des retombées éducatives et didactiques indéniables. Elle implique, en effet, une confrontation des jeunes avec des œuvres fondatrices d'un art ou des formes maîtrisées d'un média, par rapport auxquelles nos élèves peuvent se positionner pour prendre en compte leur créativité, leur recherche, leur originalité, pour se lancer ensuite dans leur propre démarche de création. |
Voici pour la "philosophie" que nous voulons injecter dans notre action comme opérateur de ces projets Culture-Enseignement. Venons-en maintenant à leur mise en œuvre perçue, dans un premier temps, au travers du dossier monté conjointement par l'école intéressée et le C.A.V. Liège. La conception de ce dossier réclame de la part des deux partenaires une mise en commun, aussi transparente que possible, de leurs motivations respectives, de leur potentiel éducatif, mais aussi de leurs contraintes et limites, afin que le projet, ses objectifs intermédiaires et son phasage, puissent s'intégrer totalement aux activités pédagogiques de l'enseignant, en réservant aux élèves de nouvelles pistes à explorer et un autre type de mise en situation. Les convergences qui naissent de la rencontre de ces deux univers doivent être fécondées par la souplesse et la rigueur du partenariat. D'une certaine manière, il est clair que l'opérateur culturel se met au service de l'enseignant et de ses élèves ou, plus exactement, au service de leur projet pédagogique. C'est ce dernier qui va cadrer et argumenter le projet et sa mise en œuvre.
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La disponibilité de l'opérateur n'est pas synonyme de soumission mais de dialogue et d'ouverture à l'autre, c'est-à-dire à ses contraintes de temps et d'espace, à ses impératifs organisationnels. Et le monde scolaire semble parfois multiplier ces contraintes et ces impératifs. Ainsi, le traditionnel découpage en heures de cours vient s'opposer fondamentalement à une activité de découverte ou de création, il faudra donc faire appel à une bonne dose d'imagination et de disponibilité ou d'engagement pour ne pas se laisser détourner des objectifs premiers. Sans compter la nécessité pour l'opérateur de s'adapter à ces "impondérables" qui viennent interférer avec le programme initial : grève, panne de chauffage, journées pédagogiques et autres. En d'autres termes, composer avec ces "marronniers" de l'institution scolaire… |
Le C.A.V. Liège est un organisme d'éducation aux médias ; cela ne veut pas dire que les projets auxquels il participe sont nécessairement marqués du sceau de l'EAM. Néanmoins, nous admettons qu'ils obéissent pratiquement tous à des objectifs informationnels, techniques et sociaux, soit les trois dimensions qui sous-tendent chacune des compétences médiatiques. Et nous pensons que la conjugaison de ces trois dimensions donne plus de cohérence au projet. Le C.A.V. Liège dispose ici de trois atouts majeurs : une médiathèque spécialisée qui peut alimenter le travail de préparation et d'écriture en amont, une unité de production qui intervient avec son matériel de tournage et de montage et un savoir-faire des animateurs qui se partagent entre des tâches comme celle-ci et la prise en charge de modules de formation continuée pour les enseignants des deux niveaux concernés.
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Il y a forcément une évaluation à prévoir dans l'élaboration du partenariat ; elle sera surtout formative pour tous les acteurs du projet. Et comme toujours, dans ce genre d'activité, c'est la démarche elle-même, l'itinéraire, qui importe plus que le produit fini ou la distance accomplie. Il s'agit toujours d'un projet d'expression/communication par l'image et le son destiné à un public-cible. À la clôture du projet, il nous paraît important de s'adresser à ce public et de l'interroger afin de voir comment il a perçu et "reçu" le projet. |
Enfin, n'hésitons pas à dire que nous privilégions les projets durables, car ils permettent un meilleur étalement des activités, la possibilité de prendre un minimum de recul par rapport à ce qui a été réalisé sur le terrain ; c'est aussi cette mise en perspective qui pourra "ancrer" les activités dans la vie de l'école et de ses élèves. Et c'est ici, bien sûr, la meilleure des évaluations…
Nous venons de boucler précisément un projet durable à l'école communale d'Oreye (enseignement fondamental) et travaillons actuellement sur un autre projet durable à l'athénée provincial Guy Lang de Flémalle. Tous deux nous renvoient vers la "philosophie" et le modus operandi que nous venons d'évoquer.
Dans le premier cas, il s'agissait d'une carte interactive du patrimoine culturel et historique de la commune. Un programme comprenant un travail de recherche, d'identification des ressources, et un travail journalistique d'interview et de reportage vidéo, soit un ensemble d'apprentissages pour ces élèves de 4e année, la production venant alors alimenter le site de l'école. Dans le deuxième cas, il s'agit d'un web magazine sollicitant plusieurs formes d'expression : l'écriture (articles et créations littéraires), l'audio (interviews et créations sonores), le visuel (photos, dessins, infographies) et l'audiovisuel. Le contenu porte sur l'actualité sociale, culturelle et artistique de l'école. Dans les deux cas, des PEN (projet d'édition numérique) qui requièrent un processus de découverte, d'expérimentation et de gestion des apprentissages par tous les partenaires du projet. Pour d'autres exemples de projets réalisés, consultez notre site internet.
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Un mot encore, qui voudrait nous projeter dans un avenir que nous souhaitons aussi proche que possible. C'est une mise en relation de tels projets avec le PECA (parcours d'éducation culturelle et artistique) : les deux configurations devraient pouvoir s'alimenter, s'encadrer mutuellement pour rendre à l'École une composante qu'elle a laissé échapper. |
Michel Clarembeaux
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Partenariat avec Enseignons.be
Le CAV Liège et Enseignons.be s’associent pour promouvoir l’éducation aux médias dans les écoles de FWB. Outre des ressources disponibles en ligne, ils vous proposent également des animations en EAM dans les classes du primaire ou du secondaire.
Concernant les ressources en ligne, les deux asbl administrent conjointement le groupe de partage de séquences pédagogiques en EAM sur Facebook, qui permet également une approche collaborative des questions pédagogiques que vous pourriez vous poser.
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Ceux qui ne sont pas sur Facebook peuvent se rendre directement dans la partie « Echange de cours » du site internet d’Enseignons.be, qui propose une section consacrée à l’EAM. Comme pour les autres cours, la recherche peut être affinée en fonction du cycle et/ou de l’année.
Vous trouverez également des ressources partagées sur la page Facebook du CAV et sur la page dédiée à la lutte contre la désinformation sur internet. Notez que ces pages sont accessibles même pour ceux qui n’ont pas de compte Facebook.
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Powerpoint de la conférence "La médiation numérique : rétablir les faits à l'heure de la post-vérité"
Dans le cadre de la Mediation week 2017 (organisée par la Commission fédérale de médiation), notre collaboratrice Sophie Lescrenier a donné une conférence avec Alain Hertay, maître assistant à la HEPL. Le PDF du powerpoint servant de support à cette conférence a été mis en ligne. Il manque évidemment toutes les explications orales, néanmoins cela peut servir de base de réflexion. N'hésitez pas à nous faire part de vos retours! |
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Ouvrages récents
Depuis septembre 2017 (Lettre d’Info n°46), six ouvrages récents sur les médias ont fait l’objet d’une recension, qui se trouve sur notre site. Nous les évoquons ici par le biais d’abstracts.
Pour les analyses complètes, cliquez sur le titre de l'ouvrage qui vous intéresse.
NO DATA. Quelle liberté dans un monde numérique ?
Jean-Paul Aimetti, France, Descrates et Cie, 2017, 200p. (15€)
C'est bien de l'ensemble des données numérisées issues du Net qu'il est question ici, de ce système d'information d'entreprises ou d'organisations. De ces bases de données où nous sommes tous impliqués; des données qui intéressent beaucoup ces géants du Net : les "Gafa" … L'approche de l'auteur n'est pas une condamnation sans appel de l'emprise du numérique, mais il s'agit surtout d'une invitation à des attitudes et comportements plus éthiques, que les associations mais aussi les simples citoyens devraient banaliser. Et ceci devient urgent surtout à la veille d'une interconnexion généralisée. Ce qui est donc fustigé ici, c'est l'irresponsabilité d'une certaine communication, les pratiques douteuses du marketing, la multiplication des intermédiaires parasites ou de logiques de référencement uniquement guidées par le publicité.
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Le complotisme : décrypter et agir Didier Desormeaux et Jérôme Grondeux, France, Canopé éditions, 2017, 120p. (9,90€)
Un ouvrage qui tombe à point nommé au moment où rumeurs, hoaxs, fakes et autres produits de la désinformation prolifèrent sur les réseaux sociaux. On sait aussi que le complotisme occupe dans cet ensemble une place bien spécifique, qui est l'aboutissement d'une longue tradition. Ce précis, concis et pertinent, est une production des éditions Canopé et s'adresse, comme tel, à la communauté éducative. L'Ecole, en effet, se doit de réagir au nom des valeurs qui sont les siennes, elle ne peut admettre ces manipulations et ces dérives de l'esprit et de l'opinion via les médias. C'est pourquoi les auteurs nous donnent ici les moyens de comprendre le phénomène mais surtout de mettre en place une remédiation efficace.
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Le tract, média du pouvoir et des contre-pouvoirs : l'exemple de l'espace germanique (XVe-XXe siècle)
Hélène Camarade, France, Le Bord de l'eau, 2017, 158p. (20€)
Le tract est, par excellence, le média de la rue et des places publiques, un moyen de communication privilégié par la résistance au pouvoir et par les minorités opprimées. Un média dont on pourrait avoir l'impression aujourd'hui qu'il est supplanté par les réseaux sociaux, et cependant … Les "feuilles volantes" du 15e siècle vont conduire à l'émergence d'une opinion publique, d'un débat de société, d'une diversification des visions du monde. Mais la "littérature du coin de rue" a connu son apogée au 19e siècle, avec évidemment des moyens de tirage plus rapides et massifs. Elle devient un instrument de combat du mouvement ouvrier, de la lutte des classes, de la résistance à l'occupant, et même de toute guerre psychologique.
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Psychologie sociale de l'image
Pascal Moliner, France, Presses Universitaires de Grenoble, 2016, 165p. (13€)
Un ouvrage qui s'inscrit dans le cadre de la communication sociale, telle que pratiquée par les Moscovici, Jodelet, Leyens. Mais, plus encore, un heureux retour aux sources de l'image, de sa nature et de ses fonctions. Trois questions fondamentales sont ici posées : quel lien entre les images que nous fréquentons et les croyances que nous nourrissons ? Quels éléments empiriques apportent la preuve d'un tel lien ? Dans quelle mesure ces croyances interviennent-elles dans la conception, la sélection, les critères de diffusion, l'interprétation de ces images? Trois questions essentielles pour tout qui entend éduquer à l'image, que celle-ci relève de la sphère intime ou qu'elle soit intégrée à des messages médiatiques.
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Bread and Roses. Une autre histoire des affiches syndicales
Coordination : Axel Ruhomaully et Franck Depaifve
Meta-Morphosis, 2017, 301o. (bilingue fr. – néerl., 50€)
Une édition de très grande qualité qui nous propose une autre histoire des affiches syndicales en Belgique. Une véritable anthologie de très belle qualité graphique et surtout rédactionnelle, basée sur une étroite collaboration entre des syndicalistes amateurs de BD, des féministes engagées dans la lutte sociale, des spécialistes de la vie politique belge, des philosophes, des chercheurs et spécialistes en arts plastiques. Un bel exemple de co-construction, un idéal commun, un même engouement progressiste pour ceux qui sont à la recherche d'un échantillonnage de représentations – ou de stéréotypes – de la "classe laborieuse", ils trouveront ici de quoi se réjouir. Le contenu se développe sur deux axes parallèles : chronologique et thématique. Un ouvrage conçu et réalisé par des passionnés, des regards croisés qui ne peuvent nous laisser indifférents.
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Coopérer autour des écrans
Pascal Minotte, Belgique, Yapaka.be, coll. « Temps d'arrêt », 2017, 56p. (gratuit)
Pour l'auteur de cette plaquette éditée par Yapaka, les écrans, omniprésents dans nos existences, devraient devenir un trait d'union, une ressource partagée, un élément dynamique du "vivre-ensemble". Pascal Minotte est chercheur au Centre de Santé Mentale, passionné par les usages problématiques des espaces numériques et attentif aux addictions suscitées par une fréquentation pas toujours contrôlée des écrans, notamment ceux des consoles de jeux vidéo. Les adultes - enseignants, éducateurs et parents - devraient prendre conscience que les nouvelles technologies sont investies par les jeunes comme des lieux d'émancipation et de liberté; que le smartphone cristallise désormais ces lieux. L'auteur s'attache aussi à développer l'accompagnement nécessaire, dans ce processus de socialisation ou dans ces comportements transgressifs, qui doivent aussi être explorés.
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M. Cl.
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