Cette rubrique présente de nouveaux ouvrages concernant presse écrite et médias. Ils peuvent vous intéresser comme outils de travail ou de réflexion. Tous les ouvrages commentés sont évidemment disponibles à la médiathèque du CAV.

Ne sont présentés sur cette page que les résumés : pour télécharger l'entièreté du commentaire (3-4 pages), cliquez sur le titre de l'ouvrage qui vous intéresse.

Pour les ouvrages antérieurs à l'année en cours, veuillez consulter la rubrique « Archives ».

 

La toile que nous voulons

Ouvrage collectif sous la direction de Bernard Stiegler, France, FYP éditions, 2017, 255p. (21€)                                                  

   

 

NO DATA. Quelle liberté dans un monde numérique ?

Jean-Paul Aimetti, France, Descrates et Cie, 2017, 200p. (15€)

C'est bien de l'ensemble des données numérisées issues du Net qu'il est question ici, de ce système d'information d'entreprises ou d'organisations. De ces bases de données où nous sommes tous impliqués; des données qui intéressent beaucoup ces géants du Net : les "Gafa" … L'approche de l'auteur n'est pas une condamnation sans appel de l'emprise du numérique, mais il s'agit surtout d'une invitation à des attitudes et comportements plus éthiques, que les associations mais aussi les simples citoyens devraient banaliser. Et ceci devient urgent surtout à la veille d'une interconnexion généralisée. Ce qui est donc fustigé ici, c'est l'irresponsabilité d'une certaine communication, les pratiques douteuses du marketing, la multiplication des intermédiaires parasites ou de logiques de référencement uniquement guidées par le publicité.


                                                                

   

 

Le complotisme : décrypter et agir
Didier Desormeaux et Jérôme Grondeux,
France, Canopé éditions, 2017, 120p. (9,90€)

 

Un ouvrage qui tombe à point nommé au moment où rumeurs, hoaxs, fakes et autres produits de la désinformation prolifèrent sur les réseaux sociaux. On sait aussi que le complotisme occupe dans cet ensemble une place bien spécifique, qui est l'aboutissement d'une longue tradition. Ce précis, concis et pertinent, est une production des éditions Canopé et s'adresse, comme tel, à la communauté éducative. L'Ecole, en effet, se doit de réagir au nom des valeurs qui sont les siennes, elle ne peut admettre ces manipulations et ces dérives de l'esprit et de l'opinion via les médias. C'est pourquoi les auteurs nous donnent ici les moyens de comprendre le phénomène mais surtout de mettre en place une remédiation efficace.

   

 

Le tract, média du pouvoir et des contre-pouvoirs : l'exemple de l'espace germanique (XVe-XXe siècle)

Hélène Camarade, France, Le Bord de l'eau,  2017, 158p. (20€)

 

Le tract est, par excellence, le média de la rue et des places publiques, un moyen de communication privilégié par la résistance au pouvoir et par les minorités opprimées. Un média dont on pourrait avoir l'impression aujourd'hui qu'il est supplanté par les réseaux sociaux, et cependant … Les "feuilles volantes" du 15e siècle vont conduire à l'émergence d'une opinion publique, d'un débat de société, d'une diversification des visions du monde. Mais la "littérature du coin de rue" a connu son apogée au 19e siècle, avec évidemment des moyens de tirage plus rapides et massifs. Elle devient un instrument de combat du mouvement ouvrier, de la lutte des classes, de la résistance à l'occupant, et même de toute guerre psychologique.

   

 

Psychologie sociale de l'image

Pascal Moliner, France, Presses Universitaires de Grenoble, 2016, 165p. (13€)

 

Un ouvrage qui s'inscrit dans le cadre de la communication sociale, telle que pratiquée par les Moscovici, Jodelet, Leyens. Mais, plus encore, un heureux retour aux sources de l'image, de sa nature et de ses fonctions. Trois questions fondamentales sont ici posées : quel lien entre les images que nous fréquentons et les croyances que nous nourrissons ? Quels éléments empiriques apportent la preuve d'un tel lien ? Dans quelle mesure ces croyances interviennent-elles dans la conception, la sélection, les critères de diffusion, l'interprétation de ces images? Trois questions essentielles pour tout qui entend éduquer à l'image, que celle-ci relève de la sphère intime ou qu'elle soit intégrée à des messages médiatiques.

   

 

Coordination : Axel Ruhomaully et Franck Depaifve
Meta-Morphosis, 2017, 301p. (bilingue fr. – néerl., 50€)
 
Une édition de très grande qualité qui nous propose une autre histoire des affiches syndicales en Belgique. Une véritable anthologie de très belle qualité graphique et surtout rédactionnelle, basée sur une étroite collaboration entre des syndicalistes amateurs de BD, des féministes engagées dans la lutte sociale, des spécialistes de la vie politique belge, des philosophes, des chercheurs et spécialistes en arts plastiques. Un bel exemple de co-construction, un idéal commun, un même engouement progressiste pour ceux qui sont à la recherche d'un échantillonnage de représentations – ou de stéréotypes – de la "classe laborieuse", ils trouveront ici de quoi se réjouir. Le contenu se développe sur deux axes parallèles : chronologique et thématique. Un ouvrage conçu et réalisé par des passionnés, des regards croisés qui ne peuvent nous laisser indifférents.
   

 

Coopérer autour des écrans

Pascal Minotte, Belgique, Yapaka.be, coll. « Temps d'arrêt », 2017, 56p. (gratuit)

Pour l'auteur de cette plaquette éditée par Yapaka, les écrans, omniprésents dans nos existences, devraient devenir un trait d'union, une ressource partagée, un élément dynamique du "vivre-ensemble". Pascal Minotte est chercheur au Centre de Santé Mentale, passionné par les usages problématiques des espaces numériques et attentif aux addictions suscitées par une fréquentation pas toujours contrôlée des écrans, notamment ceux des consoles de jeux vidéo. Les adultes -enseignants, éducateurs et parents – devraient prendre conscience que les nouvelles technologies sont investies par les jeunes comme des lieux d'émancipation et de liberté; que le smartphone cristallise désormais ces lieux. L'auteur s'attache aussi à développer l'accompagnement nécessaire, dans ce processus de socialisation ou dans ces comportements transgressifs, qui doivent aussi être explorés.

   

 

Les légendes urbaines de Belgique

Aurore Van de Winkel, Belgique, Avant-propos Ed., 2017,  311p. (25€)

 

Rumeurs, canulars, "bruits qui courent", qui s'apparentent à la désinformation, aux "fake news". Une véritable somme qui a requis un important travail de collecte et surtout de mise en perspective critique par la contextualisation. Les mets falsifiés et boissons au goût douteux y occupent une place de choix, mais aussi une actualisation de "La rumeur d'Orléans" d'Edgar Morin et de toutes les mésaventures susceptibles d'arriver à nos compagnes dans les cabines d'essayage, sanisettes et autres lieux de perdition. Les araignées dans les yukkas et les crocodiles des étangs d'Ixelles ou des égouts de la capitale sont aussi l'objet d'une attention particulière, tout comme nos gosses kidnappés, rasés ou violés. Mais rassurez-vous, il y aura toujours des juifs, franc-maçons, comploteurs et illuminati de service, pour jouer les "méchants" et vous aider à construire et surtout à diffuser d'autres histoires horribles auprès de vos amis ou sur les réseaux sociaux.

   

 

 La fin de la com'

Arnaud Benedetti, France, Les Editions du Cerf, 2017,  93p. (8€)

 

Une analyse cruelle mais lucide des mœurs politiques élaborées par les propagandistes, les fils de pub et autres spin doctors de tout poil. Mais quelles que soient les actions de com' d'un Sarkozy ou d'un Trump, le citoyen a maintenant une sérieuse volonté de s'affranchir d'une machinerie qu'il juge enfin démagogique ou de mettre en évidence ses multiples dysfonctionnements et mensonges. Et cependant, la com' politique et le storytelling qu'elle implique souvent ont leurs lettres de noblesse, de Jules César à Bonaparte en passant par Machiavel. La communication est ainsi devenue une stratégie d'État, un système de gouvernement. Mais la com' devient en même temps l'opium des politiques en transformant la réalité. Tout ceci n'empêche hélas pas le cher Donald Trump de créer ses "real news".                                

   

 

La propagande au ralenti
- De la propagande nazie à la publicité
- La propagande du groupe Etat Islamique

Collectif, Bruxelles, ZIN TV, La fabrique des idées, 2016 (1 livre de 115p + 1 DVD

Disponible en ligne sur le site de ZIN TV ou à la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles

 

C'est la Cinémathèque de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui est dépositaire de cet outil remarquable, également disponible en ligne. Il s'agit d'un DVD avec livret d'accompagnement portant sur l'analyse d'image et des représentations qu'elle suscite. Les deux corpus explorés : la propagande nazie et celle du groupe État Islamique. Quels mécanismes et quelles stratégies pour influencer nos opinions et comportements ? Ce qui rend ces analyses particulièrement intéressantes, c'est la persistance du concept sur lequel le travail est effectué et sa déclinaison en fonction de contextes variés, mais c'est aussi toute une méthodologie de déconstruction en fonction de l'époque du document convoqué, de son support médiatique et surtout du langage audiovisuel et du discours proposés. Le cadrage fait sens et permet de recréer une autre réalité, où se rejoignent propagande, publicité et discours gouvernemental.

   

 

L'information à tout prix

Julia Cagé, Nicolas Hervé et Marie-Luce Viaud, France, Ina, 2017, 174p (17€)

 

Information à tout prix… mais quelle info ? Du copié collé prétendument en exclusivité, sans citation des sources, sans recoupement … Le travail de recherche de nos trois auteurs repose sur une base de données exceptionnelle qui conjugue big datas, machine learning et économie, une plateforme qui permet d'analyser les flux médiatiques, les thématiques convergentes, les copies et référencements. Un outil qui livre une analyse inédite des contenus produits sur Internet. Une belle mise en perspective de la production d'une information originale, un plaidoyer pour une régulation "transmédia" et pour une protection plus efficace de la propriété intellectuelle. Une incitation au débat entre citoyens, journalistes et décideurs publics. Un outil complexe qui conduit à une réflexion de qualité et à une recherche plurielle sur la banalisation et l'uniformité obtenues au nom de l'originalité. Pierre Bourdieu n'est décidément pas très loin dans la dénonciation de son essai "Sur la télévision"

   

 

Rolling blackouts : Dépêches de Turquie, de Syrie et d'Irak

Sarah Glidden, Glénat, mai 2017, 298p. (25€)

 

Un roman graphique de qualité, une BD du réel qui s'approche au plus près d'une actualité difficile à comprendre et à nuancer (la situation en Turquie, Syrie, Irak). Glidden est "cartoonist" et pas journaliste, mais la médiation de la réalité qu'elle côtoie et explore, n'en représente pas moins une forme narrative essentielle de transmission de l'information. Le journalisme est ici collectif et multimédias ; il veut surtout être un questionnement de chaque instant sur lui-même, son éthique, son honnêteté à l'égard du public, le nécessaire recul à adopter par rapport à ce que l'on veut donner à voir ou à expliquer. Une manière aussi de déconstruire intelligemment l'info diffusée par les organes de presse, de fuir le storytelling et le spectaculaire au profit d'une confrontation plus réelle avec le quotidien. Un beau défi pédagogique aussi…
   

 

Les journalistes se slashent pour mourir : la presse face au défi numérique

Lauren Malka, Paris, Robert Laffont, coll. "Nouvelles mythologies", 2016, 165p. (11,50€)

 

Un nouvel ouvrage sur la problématique de la presse face au numérique … Une double argumentation : le journaliste qui se conforme au diktat des consultants en écriture pour le web ne contribue-t-il pas au suicide de la profession ? Et celui qui obéit à la mythologie des Londres, Hemingway, Kessel, a-t-il encore des raisons de se croire efficace et porteur des "vraies" valeurs du journalisme ? Pour l'auteure, il faut avant tout relativiser, car le journalisme "numérique" n'est pas contradictoire avec les préceptes défendus par les Théophraste Renaudot ou les Emile de Girardin. Les codes d'écriture s'appuyaient déjà, à l'époque, sur des études de lectorat, sans algorithme … Le journaliste contemporain appartient donc à une même continuité dans l'histoire de la presse. En d'autres termes, le numérique représente pour le métier une renaissance et non sa disparition.

   

 

Corto Maltese

L’intégrale en 16 volumes. Hugo Pratt, Belgique, Casterman, 2017 (18€ le vol.)

 

Heureuse convergence entre l'expo au Musée de la Boverie (Liège) "Révolution bande dessinée", une plongée au cœur des revues "Métal Hurlant" et "(A suivre)" et la décision du journal "Le Soir" de distribuer l'intégrale des albums d'Hugo Pratt consacrés aux aventures de Corto Maltese (Casterman 2017). "Corto", en effet, représente bien cette BD devenue adulte, évoquée par l'expo et Pratt en est un des principaux pionniers et collaborateur des deux revues. Il va participer à cette révolution narrative et graphique du 9e art et contribuer à lui donner maturité et force d'expression. Son héros personnifie cette folie libératrice et invite aux rêves les plus fous. Un cadeau à l'imagination, une chance à savourer pleinement, loin des normes, des stéréotypes, du prêt-à-penser.                                  

   

 

Les nouvelles de la jungle

Lisa Mandel et Yasmine Bouagga, Belgique, Casterman, Coll. « Sociorama Terrain », 2017, 301p. (18€)

 

C'est bien de la "jungle" de Calais qu'il s'agit et l'ouvrage s'inscrit dans la veine du BD journalisme ou de cette "BD du réel" visant à l'immersion totale du lecteur dans l'environnement décrit par l'auteur. Comme c'est souvent le cas dans ce genre d'œuvre hybride, il s'agit d'un récit anthropologique où rigueur et véracité se trouvent régulièrement associées à une intention pédagogique. A ce titre, ce genre paralittéraire ne manque pas d'intérêt et nous pensons qu'une œuvre comme celle-ci peut effectivement devenir un auxiliaire important d'apprentissage afin de familiariser nos jeunes avec une problématique complexe. C'est le cas ici avec l' "accueil" des migrants par la population, les représentants politiques, les associations humanitaires,…

   

 

10 films 1990-2015 : collection Congo-Zaïre

Thierry Michel, avec préface de Colette Braeckman

Liège, Les Films de la Passerelle, 2016,  67p. et 9 DVD (80€)

 

Un très bel album en hommage à l'un des meilleurs documentaristes actuels et à sa passion africaine. En fait, une dizaine de films qui témoignent de la fascination exercée par l'Afrique, sa culture et ses traditions, mais aussi son "intemporalité et son universalité". Au-delà de cette passion de l'auteur à l'égard d'un continent, il y a surtout un itinéraire personnel qui a toujours conduit Thierry vers le peuple et son identité, vers les laissés-pour-compte et les opprimés. Et cet itinéraire a pris ses racines, il y a plus de quarante ans dans ce cinéma militant que Thierry pratiquait à sa sortie de l'IAD avec "Pays noir, pays rouge" ou encore "Les saisons d'acier". Les horizons se sont élargis à l'infini, mais c'est toujours la condition humaine et son environnement social qui sont à la base de ses films, une même volonté de dénonciation des abus du pouvoir, une même complicité avec le peuple.

   

 

Dardenne par Dardenne. Entretiens avec Michel Ciment

Édition introduite par Vincent Lowy

Belgique, Ed. Le Bord de l'eau. 2017, 127p. (14€)


Un face-à-face des deux frères et de l'un des meilleurs analystes cinématographiques actuels… un régal pour l'esprit et le cœur, et une remarquable leçon de cinéma. On y participe au souci constant de dépassement des auteurs de « La promesse » ou du « Silence de Lorna », à l'affirmation d'un cinéma qui va évoluer au gré des répétitions et des tournages, et passer de la confrontation à l'ouverture et à la solidarité. On s'éloigne ainsi des contraintes librement acceptées du documentaire pour aller vers l'autre, vers le contact. Avec toujours une caméra attentive à l'être humain, à son humanité, à son intensité dramatique, bien plus qu'à un dispositif politique ou à une structure sociétale. Un cinéma de pulsion et de résistance.

   

 

Les grands patrons de journaux face à l'avenir : une enquête mondiale

Alain Louyot, France, Odile Jacob, 2016, 224p. (26,80€)


La presse écrite ne va pas bien, encore que… rien ne sert de le répéter. Il vaut mieux essayer de faire un cadastre analytique de modèles éditoriaux qui ont réussi à échapper à la morosité ambiante et donnent à réfléchir à des solutions reproductibles. C'est ce que fait Alain Louyot – lauréat Albert Londres et grand reporter au « Point » – en allant sur le terrain pour y rencontrer les patrons de presse confrontés à une obligation de mutation. Il en rencontre une bonne vingtaine et aborde avec eux des problèmes très concrets. Ainsi, nous mesurons combien la situation peut être contrastée en fonction de toute une série de paramètres géographiques, culturels, économiques, etc. du « Spiegel » au « Financial Times », de « La Repubblica » au « Wall Street Journal », du « Monde » à « Haaretz » ou au « País », le voyage en vaut la peine.

   

 

Après Charlie : le déni de la représentation

Dominique Chateau, Le bord de l'eau, 2016, 140p. (14€)

 

Le déni de la représentation consiste à ne pas considérer une image comme telle, mais à l'assimiler à la réalité qu'elle évoque; c'est un mécanisme de défense, évoqué d'ailleurs par Freud. Or, quand le caricaturiste Charb (« Charlie Hebdo ») déclare qu'il n'a pas l'impression d' « égorger quelqu'un avec un feutre », les assassins ne voient même pas le feutre… Mais l'auteur dépasse ce constat, qui conduit à des tragédies, pour s'interroger sur le statut de l'image dans un monde multiculturel, et le champ est vaste : ce statut va de l'interdiction pure et simple de l'image à des discussions idéologico-religieuses complexes, en passant par la fonction d'icône ou par l'image télévisuelle, qui n'est pas nécessairement conçue comme une image… Beaucoup de paradoxe ici et une certaine duplicité.

   

 

Communiquer c'est vivre

Dominique Wolton (Entretiens avec Arnaud Benedetti), éd. Cherche Midi, 2016, coll. « Documents », 343p. (18€)

 

Ces entretiens entre Wolton et Benedetti sont centrés sur la communication comme élément fondamental d'une négociation, sur le plan politique, social, culturel ou personnel. Wolton va jusqu'à affirmer qu'elle est indissociable de paix, de partage, d'altérité. Mais il est surtout question ici des rencontres de Wolton avec Raymond Aron, Jean-Marie Lustiger, Jacques Delors, de son engagement pour les médias de masse, pour la gauche humaniste et européenne, pour une vraie éthique de la communication, qu'on a trop souvent tendance à confondre avec de la peopolisation ou du marketing, et qui est rarement crédible dans les milieux académiques. Et puis, pas de diversité culturelle sans communication… En somme, l'itinéraire d'un auteur attachant et d'un « honnête homme » du 21e siècle.

   

 

La langue des médias. Destruction du langage et fabrication du consentement

 

Ingrid Riocreux, France, Paris, éd. de l'Artilleur, 2016, 333p. (20€)                                                                                          

   

 

New York mis en scènes

Jean-Michel Frodon, Paris, Espaces et Signes, 2016, 125p. (13,50€)

 

Nous vous avions présenté l'un des premiers numéros de cette Collection « Ciné Voyage » consacré à Rome. La séduction est de nouveau au rendez-vous avec une métropole qui a deux parrains cinématographiques: Woody Allen, et ses images en noir et blanc qui ouvrent « Manhattan », et Martin Scorcese, avec son « Taxi Driver » avec qui NY devient un lieu de tentation, d'illusion, de perdition et de violence. Si NY a cette double « appartenance », elle représente aussi un agencement assez exceptionnel de volumes et d'espaces, de perspectives et de contrastes, de lumière et d'ombre, de béton, de verre et de verdure. Cette organisation spatiale, toute en verticalité, est souvent indissociable d'une organisation dramatique, narrative, poétique, d'essence cinématographique. L'auteur, J. M. Frodon, du « Monde » et des « Cahiers du Cinéma » sait nous faire apprécier un tel enchantement.   

   

 

Internet, l'illusion démocratique

Ippolita + postface de Bernard Stiegler,  France, Editions de la Différence, coll. « Politique », 2016, 174p. (17,00€)

 

Depuis une douzaine d'années, Ippolita – groupe interdisciplinaire italien – analyse les technologies de la domination numérique et leurs effets sociaux. Le collectif vise à dénoncer la confusion et l'ambiguïté imposées par les grands groupes médiatiques. Nous avons déjà eu deux essais philosophiques et politiques J'aime pas Facebook et Le côté obscur de Google; ce troisième ouvrage s'inscrit dans la même ligne, en démontant avec minutie les trois affirmations: Internet est libre, démocratique et transparent. Quel remède préconiser pour contrer des pratiques "ravageuses" de marketing? Une vraie "culture numérique", qui remettrait à l'honneur une liberté de choix, des alternatives locales, une rupture avec l'illusion de gigantisme, de croissance illimitée et de transparence.

   

 

Médias, culture et numérique

Gérôme Guibert, Franck Rebillard, Fabrice Rochelandet, Paris, Armand Colin, 2016, 237p., coll. « Cursus » (20,75 €)

 

Les auteurs sont respectivement docteur en sociologie, information – communication et économie, trois domaines de compétences convoqués ici pour analyser la reconfiguration des industries culturelles et médiatiques avec le numérique. Et c'est bien d'une démarche systémique qu'il s'agit. Pour ces catégories de biens, la convergence numérique a restructuré le secteur en y introduisant notamment des intermédiaires d'un nouveau genre qui possèdent des compétences informatiques et une culture commune aux internautes, culture inspirée par l'idéologie du partage. De nouveaux modèles socioéconomiques apparaissent avec ce phénomène d'intermédiation, on parlera même de "courtage informationnel". En filigrane, quelle incidence sur la diversité culturelle et le pluralisme de l'information ?